• La Lettre de Mgr Saliège

    Jules Saliège, source SGA/DMPA

    LETTRE DE L'ARCHEVEQUE DE TOULOUSE La France sous l'occupation 

    MONSEIGNEUR SALIEGE

      En 1942, le sort des juifs envoyés en déportation ne peut plus être ignoré. Des voix s'élèvent alors au coeur même des institutions les plus favorables à la "Révolution nationale" du Maréchal Pétain, comme l'église catholique.

      Ainsi, l'archevêque de Toulouse condamne sans ambiguïté les persécutions antisémites dont il a eu connaissance par "L'union des juifs pour la résistance et l'entraide" dans une lettre pastorale lue dans toutes les églises du diocèse de Toulouse. Puis le Cardinal Gerlier à Lyon ou Monseigneur Delay à Marseille protestent eux aussi publiquement contre les rafles antisémites. 

      L'action de Jules Saliège en faveur des juifs lui vaudra d'être arrêté le 9 juin 1944 par la Gestapo et il ne devra son salut qu'à son état de santé et aux hésitations de l'officier allemand chargé de son arrestation.

       Pendant ce temps-là, l'Ordre des vétérinaires ne trouvait rien à redire aux lois promulguant les interdictions d'exercice aux vétérinaires étrangers, aux quotas d'étudiants vétérinaires et de vétérinaires militaires juifs.

     

    Lettre de Monseigneur SALIEGE lue le 23 août 1942 dans 600 églises du diocèse de Toulouse :

     

    «  LETTRE DE S.E. MONSEIGNEUR L’ARCHEVÊQUE DE TOULOUSE SUR

    LA PERSONNE HUMAINE

    Mes très chers Frères,


    Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On ne peut les violer. Il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer.
    Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle.

    Pourquoi le droit d’asile dans nos églises n’existe-t-il plus ?
    Pourquoi sommes-nous des vaincus ?
    Seigneur ayez pitié de nous.
    Notre-Dame, priez pour la France.


    Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier.
    France, patrie bien aimée France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine, France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces horreurs.

    Recevez, mes chers Frères, l’assurance de mon respectueux dévouement.

    Jules-Géraud SALIÈGE
    Archevêque de Toulouse

    À lire dimanche prochain [23 août 1942], sans commentaire. »