• La maman de Michel, 9 ans, cache Danielle, 4 ans

     

    Alors que Suzanne Marsollier élève seule ses deux garçons de 8 et 9 ans pendant que son mari est prisonnier de guerre en Allemagne de 1940 à 1945, alors qu’elle aurait pu attendre tranquillement le retour de celui-ci, sans souffrir de la faim, ni d’une trop grande promiscuité avec l’armée allemande d’occupation dans cette zone reculée du Loir-et-Cher, alors que tout le village vit au calme et loin des implacables lois nazies, des rafles quotidiennes, Suzanne Marsollier, femme de maréchal-expert (vétérinaire empirique), future mère de vétérinaire, prend la décision grave de cacher une petite fille juive.  Cacher aux autorités allemandes une petite juive en 1942 en France, c’est accepter sa propre condamnation à mort, la déportation de ses propres enfants et celle de ses amis dans le village suspectés d’être impliqués (voisins, maire, institutrice, etc…). Elle prend le risque, n’écoutant que son cœur protecteur de mère, emmenant toute une communauté derrière elle et dans son silence, emmenant toutes ses âmes anonymes et discrètes dans la résistance, dans le refus de l’ignoble, dans le combat contre la barbarie. Dans le désintéressement le plus total, elle a offert sa vie à une petite fille juive. Elle n’a jamais su que pour cela, elle est devenue le 2 juin 2005 une JUSTE PARMI LES NATIONS. 

    Son fils Michel, devenu docteur vétérinaire, nous raconte :  

     

    -Vous aviez quel âge pendant la guerre ?

    -Ecoutez, je suis né en 31 par conséquence j’avais 8 ans.

    -Vous étiez où à ce moment-là ?

    -J’étais dans le Loir-et-Cher, dans une ville qui s’appelle Mazangé à 10km de Vendôme.

    -Vous étiez avec qui ? Avec vos parents ?

    -J’étais avec ma mère parce que mon père était prisonnier. Il a été prisonnier jusqu’en 1945, en mai 45.

    -C’est votre mère qui s’occupait de vous toute seule ?

    -Oui, pendant 5 années, ma mère nous a bien éduqués, bien élevés, on ne manquait de rien.

    -Comment s’appelait votre mère ?

    -Suzanne.

    -Et comment s’appelait votre père ?

    -Raymond. Ce n’était pas un vétérinaire diplômé, c’était un vétérinaire empirique, ce qu’on appelait un maréchal-expert à l’époque.

    -Est-ce que vous vous êtes rendu compte de ce qui se passait, la guerre, les déclarations du maréchal Pétain ?

    -Ecoutez à cette époque-là, j’étais bien jeune, à la campagne on était bien, donc j’étais assez loin des évènements, donc non je n’étais pas trop au courant.

    -Dans quelles circonstances Danielle a-t-elle était cachée chez vous ?

    -Elle a été cachée par l’intermédiaire d’une dame dont j’ignore le nom et qui l’a expédiée dans le Loir-et-Cher.

    -Quand elle est arrivée, vous saviez pour quels motifs elle était là ?

    -A l’époque non, je n’ai pas su qu’elle était …

    -On vous a rien dit ?

    -Non, à 9 ans, on ne m’a rien dit.

    -Mais ça c’était une bonne idée !

    -Ça oui, ça c’était une bonne idée. Par la suite, quand on s’est vus à l’adolescence elle était encore là, là à ce moment-là oui on a su quand même de quoi il s’agissait.

    -Elle, elle avait changé de nom ?

    -Non, non, non, elle n’a pas changé de nom. Sauf à l’école, elle était Marsollier oui. C’était comme ma petite sœur que je n’avais jamais eu.

    -Quand elle est arrivée, elle avait quel âge ?

    -Elle devait avoir 4 ans.

    -Elle est restée longtemps chez vous ?

    -Trois ans. De 42 à 45.

    -Est-ce qu’on sait ce que sont devenus ses parents ?

    -Ses parents n’ont pas eu de problème. Ils n’ont pas été déportés. Sans ça oui il y a eu des déportés, oui même des… des morts dans sa famille mais ses parents non parce que ils avaient un nom « SUSSER », « S », « U », deux « S », « E », « R » et pour les allemands, c’étaient des alsaciens. Alors ils n’ont pas été tellement surveillés. Ça s’est bien passé finalement pour eux.

    -C’est grâce à leur nom, comme quoi, tout s’est joué sur par grand-chose…

    -Sur pas grand-chose, oui, ils se seraient appelés « Blumstein »,  ça aurait été différent.

    -Vous les avez connus ses parents ?

    -Ah oui oui bien sûr.

    -Vous les avez connus avant ou après qu’elle soit cachée ?

    -Pendant son séjour à Mazangé.

    -Ils sont venus ?

    -Oui oui, à bicyclette de Paris. Ils sont venus plusieurs fois.

    -Ils ont payé votre mère pour cacher leur enfant ?

    -Ma mère a caché Danielle sans aucune rémunération, elle a fait ça gratuitement. Elle aurait pu, mais non.

    -C’est tout à son honneur... Vous aviez un frère ?

    -Un frère plus jeune d’une année. Il est né en 32.

    -Vous ne parliez pas de tout ça avec lui.

    -Non.

    -On ne parlait pas beaucoup aux enfants à l’époque ?

    -Vous savez, on était à côté, à l’école primaire. 

    -Vous ne vous êtes pas rendu compte que votre mère avait une attitude un peu plus secrète, faisait plus attention ?

    ...

    Pour lire la suite du TÉMOIGNAGE de Michel MARSOLLIER, cliquer sur le lien ci-dessous : 

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            Portrait de Suzanne Marsollier                                                   Plaque commémorative à Mazangé

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    Pour lire les discours de Michel Marsollier et de Danielle Susser lors de la remise de la médaille des Justes le 12.09.2006 à Suzanne Marsollier et la photo de la cérémonie, cliquer sur le lien ci-dessous :

    Télécharger « Discours et photo de Michel Marsollier et Danielle Susser lors de la remise de la médaille des Justes à Suzanne Marsollier.pdf »

     

    Pour lire le discours de Michel Marsollier lors de l'inauguration le 16.09.2007 de la rue "Suzanne Marsollier", cliquer sur le lien ci-dessous :

    Télécharger « Discours et photo lors de l'inauguration de la RUE SUZANNE MARSOLLIER.pdf »